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redoubler d'attention - mardi 9 août 2005 - acrylique sur toile - 50 x 50 cm.

Ce texte se réfère à un entretien avec Alain Simon le 6 juin 2005. Quelques mots-clefs se dégagent de notre dialogue. Ils éclairent le travail de l’artiste.

Un dispositif d’image : le «partage des jours» se présente comme un dispositif en angle de deux groupes de peintures de format H250 x L300 cm.

Chaque partie est formée de l'assemblage de 30 petites peintures de format carré 50 x 50 cm. Le «partage des jours» a donc, pour le spectateur, l’apparence d’une double mosaïque d’images couvrant pratiquement du sol au plafond l’angle de la salle, plutôt sombre dans sa partie droite, plutôt claire dans sa partie gauche. Passée cette première impression le spectateur devient regardeur; un parcours individuel et singulier, induit par les éléments peints, s’élabore... Les peintures livrent individuellement leurs bribes de sens, leurs mots, leurs couleurs et leurs formes, une histoire des jours en quelque sorte. Le parcours des yeux du regardeur n’aura de cesse de butiner et de s’approprier ces fragments de sens jusqu’à se forger son propre parcours : c’est le partage des jours ».

L’artiste formule cette proposition à partir d’une « règle du jeu ». Alain Simon la décrit en ces termes : « J’aime jouer avec l’idée qu’une règle du jeu soit à la base de l’élaboration d’une peinture. Cette idée me rassure car elle implique une certaine logique dans l’organisation des parties peintes, dans la formation des groupes d’éléments en «familles» et dans les possibilités de les assembler. Chaque peinture du «partage des jours» est étroitement liée au jour qui la voit naître. Une peinture par jour donc, et ce pendant 60 jours. Il y aura donc 60 peintures de bons ou de mauvais jours selon l’humeur du moment mais aussi selon la place qu’occupera la peinture dans le dispositif général, avant ou après telle autre peinture... La règle du jeu, on le voit bien cette fois-ci, est forcément évolutive car elle s’appuie sur la capacité à gérer l’évolution de formes, de couleurs, de mots au fur et à mesure que l’ensemble prend forme et sens ».

L’enjeu principal de ce projet est d’enclencher une aventure plastique à inventer tout au long de son déroulement. À la différence des peintures d’assemblage au cœur du travail d’Alain Simon de ces dernières années, toutes composées à partir d’éléments déjà peints et regroupés au sein d’une même «famille», le «partage des jours» implique de penser et de réaliser les différentes parties au fur et à mesure que l’ensemble se précise. Les questions de la forme et de l’idée resteront donc posées du premier au dernier jour.

 Alain Simon joue avec des contraintes qui favorisent l’émergence du sens. Il engage le regardeur à explorer une représentation pour y trouver une parabole de la vie. L’artiste ne crée pas de frontière entre la vie et son travail. Vivre et peindre sont intimement liés et se retrouvent dans une même continuité. Loin de la performance, l’expérience trouverait plutôt sa place au sein des activités naturelles et nécessaires à la vie comme de manger, boire ou dormir. Ainsi au fil des jours de la vie naissent les fragments d’une histoire à partager.

En s’immergeant dans le « partage des jours », le regardeur partage les bons et les mauvais souvenirs. Il y recherche une alchimie dont la finalité serait de provoquer un trouble essentiel en résonance avec l’assemblage des 60 peintures. Le regardeur compose sa propre image. Le doute s’installe. À droite les mauvais jours ? À gauche les bons jours ? À voir ! Les sentiments restent partagés et sont liés au point de vue et à l’humeur du moment, celui du créateur et celui du regardeur. Les peintures sont-elles bien à leur place ou n’est-ce que pure facétie d’un auteur qui se joue des règles qu’il a lui-même établies? Ni aurait-il pas dans cette idée de partager les sens, les souvenirs et les expériences des jours les germes de nos incertitudes ? Ainsi, la valeur de la perception et l’émotion afférente engagent à définir une « échelle » des regards.

Un autre mot est souvent revenu lors de cet entretien, le partage : « Toute peinture se situe au centre d’une relation d’échange entre le peintre et le regardeur. En cela le «partage des jours» n’échappe pas à la règle; les jours sont ainsi donnés en partage tant pendant la réalisation du projet que dans le cadre de l’espace d’exposition. Au fil des jours, l’aventure du «partage des jours» sera visible (et donc à partager) sur Internet ». Vous aurez compris que le « partage des jours » a été vécu comme l’opportunité de développer une expérience singulière. La composition engage un processus de mise en œuvre qui évoluera sur une période de 60 jours. La direction est donnée, elle implique une mise en danger intimement liée au processus créateur et à l’engagement personnel. Cette mise en danger est une des composantes de ce partage des jours avec le public.

Alain SIMON/Olivier de MONPEZAT

Un dispositif d’image : le «partage des jours» a été écrit par Olivier de Monpezat en juin 2005 pour figurer dans le catalogue de l'exposition du Prix Robert Schuman qui se tiendra à Sarrebrück, à la Stadtgalerie, à la Künstlerhaus et à la K4galerie, du 7 octobre au 7 novembre 2005.

Olivier de Monpezat est directeur de l'Ecole Supérieure d'Art de Metz.

ci-dessous quelques étapes de la réalisation en atelier du "partage des jours" depuis le 3 juillet 2005

3 juillet 2005

15 juillet 2005

20 juillet 2005

21 juillet 2005

2 août 2005

5 août 2005

9 août 2005

15 août 2005

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mardi 14 septembre 2005 - vue de la partie droite du partage des jours.

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mardi 14 septembre 2005 - vue du partage des jours achevé dans l'atelier.

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