Sem n°13 du 26 mars au 1er avril 2007
"le jardin involontaire "


 

 
 


Jardiner. L'idée jardine la page du jour.
Dans le paysage sec de sable blanc,
quelque chose point,
dessine un mot étonné qui,
surpris de donner lieu au jour d'ici,
et, vite rejoint
par d'autres pousses folles,
fait perdre leurs rêves
aux jardins raisonnés,
car du jour enfriché
pointe la fraicheur des idées.
Les mots en friche ouvrent les sens
et étendent un empire
de signes sans empereur,
un jardin dont le jardinier affolé
est la plus belle plante,
voyageur égaré qui jardine
la page neuve du paysage du jour
qui s'étend là où le ciel et la terre,
la forêt et la mer, l'homme et sa chair
se touchent à cette limite
où habitent les mortels, qui,
séjournant au milieu des choses,
tirent, plient, plissent la peau de la terre,
tracent des traits de sang bleu,
maquillent de toutes les couleurs
son cœur oublié
et composent ainsi les lieux variés
où les mondes ont lieu.
Mais le paysage cherche encore son regard,
car, sans pays, l'œil vagabonde
en suivant les ondulations
de la queue du dragon
comme l'idée qui remue le jour.

P.M.P.