Semaine n°42 du 16 au 22 oct 2006
"le leurre du visible "




Voir. Sur quoi le jour fait-il jour ?
Que le regard de nos idées captivantes
ne peut capturer ce que nous voyons
et ce qui nous regarde,
que le regard ne voit qu'à tromper l'œil,
que nous ne voyons que ce qui est
déjà sous la coupe de nos regards.
Entre l'œil qui voit
et le regard qui capture,
il y a le leurre du visible
et rien ne captive plus
que d'être leurré
car le désir aime à jouer.
Nos idées captivantes ont des yeux
et ne voient pas.
Elles ne voient plus
que les choses nous regardent.
L'idée pour voir doit baisser la garde
et ouvrir ses yeux
à l'infranchissable distance
du dehors abandonné et des choses livrées.
Laissons notre regard se déposer
sur un tableau de Rembrandt.
Sous le regard des vieillards,
Suzanne abandonnée s'offre à nos yeux
pour que nous déposions les armes du regard.
Elle nous tient ce langage d'amour :
"Jamais tu ne me regardes
là d'où je te vois,
là d'où je te donne à voir
qu'il n'y a rien à regarder,
là, du tombeau vide de ma nudité nue
où s'enterre les désirs
captifs de leur capture".

P.M.P.