|  Prendre l'autoroute.  L'idée nous met sur l'autoroute du jour,non pour y véhiculer nos mobiles
 mais pour se produire elle-même, sans fin.
 Les routes en appellent toujours d'autres,
 à perte de sens,
 et elles ne conduisent plus à Rome
 parce que la ville désormais mondiale et globale
 s'est étendue partout.
 Les marchands tracent leurs autoroutes
 pour tisser sur la planète le texte
 de la grammaire universelle d'un capital
 qui distribue usages et subsistances
 et canalise des désirs sans rêves
 dans des gadgets formatés.
 Mais la circulation tourne court
 et le jour prend jour avec la multitude
 d'amateurs singuliers
 qui détournent les voies de la débandade
 en rhizomes de nouvelles cultures.
 Ils "rapent" les langues
 et allument des contre-feux.
 Ils configurent des plans de consistance
 sans avaler des kilomètres de fuites.
 Ils savourent le pur plaisir de pratiquer
 leur existence sans s'user dans les usages.
 La multitude artiste échappe
 à la circulation bornée et calculée
 et tense la libido des idées
 sur ces nouvelles autoroutes
 qui inventent le cours des jours
 et révolutionnent le capital.
 
 P.M.P.                                    |